Le Retour d’Arsène Lupin, de Frédéric Lenormand

Frédéric Lenormand, Le Retour d’Arsène Lupin, éd. du Masque, octobre 2018

Arsène Lupin a échappé de justesse à l’incarcération. Il doit faire une croix sur ses larcins. Il souffre d’une « cambriolite aigüe ». Mais il est sauvé : son psychanalyste l’enjoint à aider la veuve et l’orphelin pour distraire sa kleptomanie.

En bref : Arsène Lupin a failli commettre le cambriolage de trop, celui qui l’aurait condamné à une vie de reclus derrière des barreaux. Fort heureusement, son bon docteur Kloucke a le remède à tous ses maux : une cure de désintoxication radicale. Éradiquer la « cambriolite » de son patient par tous les moyens.

« – Si vous voulez progresser, reprit Kloucke, vous devez accepter de vous contraindre à notre petite cure d’abstinence. À mon avis, c’est une question de vie ou de mort. Votre thérapeutique consistera à cesser de voler les gens pendant quelques semaines. Ensuite nous pourrons faire le point sur vos pulsions cambrioleuses.
Lupin avait terriblement de mal à l’envisager.
– Disons que je ne volerai que les riches !
– Non.
– Seulement les personnes morales !
– Pas plus.
– Les banques, au moins ?
– Surtout pas les banques.
– Et l’État ? Ça ne fait de tort à personne ! Il y a tant de musées partout !
– Si je disais oui, tous les chefs-d’oeuvre du Louvre se retrouveraient bientôt dans vos caves.
Lupin fut tenté de répondre qu’ils y étaient déjà. » (p. 24)

Lupin prend son mal en patience. Et les circonstances le mettent sur le chemin d’une veuve éplorée qui déplore publiquement la perte d’un de ses plus beaux biens. Arrivé sur les lieux, notre bon Arsène s’aperçoit très vite du tournant fâcheux que toute l’affaire est sur le point de prendre. S’il n’est – pour une fois – pas l’auteur de ce vol, il se surprend à détricoter la pelote de laine mieux que toutes les forces de la Police parisienne dépêchées pour l’occasion.
Adieu Arsène cambrioleur, bonjour Lupin détective.

« Depuis qu’il était privé de vol et d’escroquerie, son sens de l’équité avait tendance à prendre la place laissée libre dans ses préoccupations, la nature lupinesque avait horreur du vide. Il se sentait comme ces opiomanes qui tentent de se désintoxiquer avec de la cocaïne. » (p.200)

La veuve Bovarov a perdu un tableau inestimable : un autoportrait de Delacroix, qui réapparait subitement un peu partout à travers la ville, sous des versions différentes. Lupin, sous ses nombreuses identités selon l’occasion (détective privé, riche héritier de l’empire russe…) mène l’enquête et n’est pas au bout de ses surprises, et de maintes rencontres plus exotiques et rocambolesques les unes que les autres : Mata Hari, Pablo Picasso, pour ne citer qu’eux…

Instagram @missmymoo

 

Mon avis : Nouveau personnage historique qui reprend vie sous la plume acérée de Frédéric Lenormand, Arsène Lupin ne vous décevra pas !
Personnage haut en couleurs, impertinent à souhait, amoral et profondément isolé au sein de la société de par son héritage maternel, il comble le vide laissé en lui par cette solitude en commettant d’incessants larcins.
Malgré tout, sa conscience l’enjoint à y mettre un terme, et c’est son thérapeute qui le conduit sur le chemin de la rédemption.
Passé du criminel au justicier, Arsène Lupin nous livre une vision caustique de la société de son époque, et Frédéric Lenormand lui fait honneur en lui redonnant vie, et la voix !
Les piques sont nombreuses, et particulièrement savoureuses.

« – Il est vrai que vous êtes très fort. Peut-être trop. Peut-être ai-je commis une erreur en vous engageant.
– La compétence n’est pas un défaut, chère madame.
– Oui, oui. D’ordinaire, je me contente d’employer des imbéciles. Je n’ai pas l’habitude.
– Vous verrez, les gens intelligents ont aussi leurs qualités. » (p.58)

« À la Sûreté, la sonnerie du téléphone tinta longuement d’un bout du couloir à l’autre. On n’avait pas installé des postes partout. La police s’initiait aux techniques modernes, mais avec lenteur, pour ne pas dérouter le personnel. » (p.69)

Je vous conseille donc vivement la lecture du Retour d’Arsène Lupin, si vous avez aimé la saga Voltaire mène l’enquête et que l’humour pince sans rire de Frédéric Lenormand vous manque trop pour passer à d’autres genres littéraires… vous serez servi(e) sur un plateau d’argent par le maître des enquêtes historiques et situations rocambolesques totalement assumées !
* Les menottes ne sont pas fournies avec l’ouvrage.

« De pièce en pièce, en chaussettes, une bougie à la main, il renouait agréablement avec son sport favori, sans déroger au pacte conclu avec son thérapeute, puisque c’était sans but mercantile. Les actes répréhensibles au bénéfice du bien étaient un exercice exaltant, il était le Robin des Bois de Saint-Germain-des-Prés. » (p. 182)

 

Ma note : 

Merci à l’auteur et aux éditions du Masque pour m’avoir permis de lire ce livre.

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