Les Affamés, de Léa Frédeval

Léa Frédeval, Les Affamés, éd. Bayard, 23 mai 2018

Chroniques d’une jeunesse qui ne lâche rien !
Les Affamés brosse le portrait d’une génération qui a le sentiment de ne pas avoir sa place au sein de la société, mais qui ne recule pas face à l’adversité. 

En bref : Les Affamés n’est pas un roman. C’est une succession de chroniques racontant le quotidien et les galères d’une jeune génération qui semble abandonnée, laissée à la dérive. Léa Frédeval parle de ce qu’elle a connu, cela sent le vécu et ses mots résonnent en chacun d’entre nous.
Les études, les galères, les petits boulots, les stages, le logement, la recherche d’un premier vrai travail… tout y passe.

« Bref, quand j’étudie, je me sens inutile, quand je travaille, je me sens une moins-que-rien et quand je suis en stage, je me sens usée.
Peut-être savez-vous de quoi je parle… » (p. 10)

« Parce qu’on est jeune, on doit accepter toutes les douilles que la vie nous balance ? Parce qu’on est jeune, on doit être reconnaissant d’être embauché comme stagiaire pour remplacer un poste réel ? Parce qu’on est jeune, on vit mieux que d’autres dans neuf mètres carrés ? Parce qu’on est jeune, on a davantage les capacités de travailler 75 heures par semaine cumulant vie étudiante, boulot  et stage ? C’est une blague ou juste un complot entre individus de plus de 30 ans pour se dédouaner de ne plus vivre ainsi ? » (p. 20)

Instagram @missmymoo

Mon avis : Avec une plume acérée mais toujours pleine de justesse, Léa Frédeval chronique le quotidien des jeunes et on ne peut s’empêcher d’acquiescer car on se reconnaît dans toutes ces situations. On est tout aussi révolté et quelque part, ça fait du bien, de se dire qu’on n’est pas seul, même si au fond, c’est encore plus grave.
Ces chroniques sont un pavé dans la marre, notamment destiné à la génération qui nous précède, celle qui tient notre avenir entre ses mains. La fameuse génération 68, celle qui a pourtant lutté pour de nouveaux privilèges, la reconnaissance de sa jeunesse, mais qui semble avoir bien vite oublié ses revendications depuis que d’autres qu’elle sont à présent concernés.

« Vous, les « vrais adultes ». Je suis indignée de voir comment la jeunesse d’aujourd’hui est considérée, jugée, cataloguée. Je suis en colère contre ceux qui nous utilisent. Je veux interpeller ceux qui étaient là avant nous. Ceux qui ont oublié à quel point il est complexe et fastidieux de savoir qui l’on est, où l’on va et surtout pourquoi l’on s’y rend. J’écris aussi pour ceux qui aiment à penser que nos coups de gueule sont faits pour nous donner un genre. Je veux expliquer pourquoi nous sommes fatigués aux prémices de notre vie. Rendre compte de l’épuisement d’une génération qui vient à peine de naître. » (p. 16)

Je pourrais vous abreuver de citations tirées de ce superbe recueil de pensées révoltées. Je l’ai tellement annoté que cela ne rentrerait plus dans le cadre de la simple citation. C’est dire à quel point je vous conseille de lire Les Affamés, surtout si vous vous sentez mal dans votre situation de jeune, précaire, pressé comme un citron et si votre avenir vous paraît plus que compromis. À défaut de vous sentir mieux, vous aurez enfin le sentiment d’être compris, et peut-être le plus important : la certitude de ne pas être isolé.

Ma note : 

Merci aux éditions Bayard pour m’avoir permis de lire ce livre.

(2) Comments

  1. Le film me tente bien!

    1. Je pense que je le regarderai aussi !

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