
Max Brooks, World War Z, éd. Calmann-Lévy (Collection Interstices), 2009.
(Titre original : World War Z, 2006)
(Egalement paru au Livre de Poche en 2010)
« Il faut retirer le cœur juste après le décès de la victime… Parfois même avant sa mort… Ils n’ont jamais hésité, vous savez, ils retiraient les organes de types encore vivants pour s’assurer de leur fraîcheur… Avant de les flanquer dans la glace et de les expédier par avion à Rio… La Chine était le plus grand exportateur d’organes humains sur le marché international. Qui sait combien de cornées, combien d’hypophyses infectées… Sainte mère de Dieu, qui sait combien de reins infectés ils ont mis sur le marché ? Et encore, je ne vous parle que des organes ! Vous voulez qu’on discute des « dons » d’ovocytes des prisonniers politiques ? De leur sperme, de leur sang ? Qu’est ce que vous croyez ? Que c’est l’immigration la seule responsable de la propagation de l’épidémie partout sur cette planète ? Les premiers foyers d’infection n’ont pas tous éclaté en Chine, hein. Comment vous justifiez cette recrudescence de décès inexpliqués ? Toutes ces personnes qui se réaniment sans même avoir été mordues ? Pourquoi il y a eu autant d’épidémies dans les hôpitaux ? Les immigrés clandestins chinois ne vont pas à l’hôpital. Vous savez combien de milliers de personnes ont bénéficié d’une transplantation d’organe illégale les quelques années avant la Grande Panique ? Même si on ne compte que 10% d’infectés… Même 1%… » [p. 41]
« J’avais tout planifié. Je comptais dissimuler ma colère pour ne pas l’alarmer. Je lui ferais mon rapport et lui présenterais mes excuses pour mon comportement. Il s’embarquerait alors dans une conversation un peu forcée, histoire de m’expliquer ou de justifier la retraite générale. […] Et puis au moment de nous serrer la main, je sortirais mon arme et je lui ferais sauter sa putain de cervelle d’Allemand de l’Est, histoire d’éclabousser sa carte de l’Allemagne avec. […]
Mais ça ne s’est pas passé comme ça.
Non. Pourtant j’ai réussi à pénétrer dans le bureau de Lang. Nous étions la dernière unité à rentrer. Ils nous avaient attendus. Dès qu’on lui a signalé notre arrivée, il s’est assis à son bureau, il a signé quelques ordres, écrit une lettre à sa famille, puis il s’est tiré une balle dans la tête.
Salaud. Je le hais encore plus maintenant. Plus que pendant tout le trajet depuis Hambourg.
Pourquoi ça ?
Parce que, aujourd’hui, je comprend pourquoi nous avons agi ainsi, le plan Prochnow (2).
(2) La version allemande du plan Redecker.
Et ça ne vous le rend pas plus sympathique ?
Vous plaisantez ? C’est justement pour ça que je le déteste ! Il savait parfaitement que ce n’était que la première étape d’une guerre qui durerait des années et qu’on allait avoir besoin de types comme lui pour nous aider à la gagner. Sale trouillard. Vous vous souvenez de ce que je vous disais tout à l’heure ? Ce sentiment d’être liés à notre conscience ? On ne peut blâmer personne. Ni le plan de l’Architecte, ni nos officiers, personne. Personne d’autre que nous. On doit faire des choix et vivre ensuite chaque jour en mesurant pleinement l’étendue des conséquences de ces choix. Il le savait. C’est pour ça qu’il nous a abandonnés comme il a a abandonné tous ces gens. Il savait quelle route nous allions emprunter, une route sinueuse, dangereuse et abrupte, une route de montagne. On allait tous la grimper, cette route, et on allait tous devoir y pousser notre rocher. Lui, il n’a pas pu. Le fardeau était trop lourd. » [p. 156-157]
« Non, nous ne sommes pas une superpuissance de l’ombre, gardienne de secrets immémoriaux ou détentrice de je ne sais quelle technologie extraterrestre. Nous avons des limites bien réelles et des buts extrêmement précis. Alors pourquoi perdre notre temps à étudier chaque danger potentiel ? Ce qui nous ramène au second mythe, le véritable rôle d’une agence de renseignements. On ne peut pas se permettre d’envoyer nos agents un peu partout dans le monde, dans l’espoir qu’ils démasquent je ne sais quel nouveau complot. Au contraire, on doit se focaliser sur les dangers existants. Si notre voisin soviétique essaie de fouttre le feu chez nous, on n’aura pas le temps de se préoccuper de l’Arabe du coin. Si ensuite on tombe nez à nez avec ce même Arabe dans le jardin, on n’aura pas davantage le temps de s’occuper de la République populaire de Chine, et si un jour les Chinois sonnent à la porte avec un avis d’expulsion dans une main et un cocktail Molotov dans l’autre, la dernière chose qu’on va faire, c’est regarder derrière nous pour vérifier si un mort-vivant ne se balade pas dans le coin. » [p. 68-69]
Ma note :

Voici ma chronique vidéo du roman ainsi que mes premières impressions concernant la bande-annonce du film :
Il à l'air sympa je vais le rajouter dans ma Wish-List Bsx
Super ! Tu me diras ce que tu en auras pensé !
Tu attises ma curiosité, je note parmi mes prochains livres à lire, merci ! 🙂
Ça fait plaisir et j'espère qu'il te marquera autant que moi !