Frédéric Lenormand, Le Diable s’habille en Voltaire (Voltaire mène l’enquête #3)

Frédéric Lenormand, Le Diable s’habille en Voltaire (Voltaire mène l’enquête #3), éd. JC Lattès, 2013

Ce roman est le troisième tome de la série policière humoristique Voltaire mène l’enquête.
Un terrible crime frappe l’Eglise catholique française. Un prêtre est retrouvé assassiné. Pire, on remarque des traces de pas laissées par ce qui semble être un bouc dans sa chambre. Le diable en personne aurait-il décidé de profaner l’institution religieuse ? Il ne faut pas que l’affaire s’ébruite, de peur d’affoler les foules. La police est donc laissée de côté. Mais qui d’assez rationnel pour courir après le démon et faire la lumière sur cette histoire ? Un certain philosophe éclairé nommé Voltaire, peut-être…

En bref : Alors que Voltaire travaille sur une nouvelle pièce censée révolutionner le théâtre français, il est contacté par le père Pollet, confesseur des plus hauts ministres de sa Majesté le roi Louis XV. Un crime atroce vient d’être commis en sa paroisse et les marques du démon ont été retrouvées sur place. Voltaire n’étant d’ordinaire pas dans les petits papiers de l’Eglise, son aide lui serait fort utile pour approuver ses Lettres philosophiques qui font grand bruit dans l’élite parisienne. C’est ainsi qu’il s’en va parcourir la capitale et ses bas-fonds à la recherche d’une explication rationnelle, approuvée par la philosophie qu’il représente. Un mystérieux attelage noir est aperçu traversant Paris à toute allure et transportant des macchabées. Une lingère récemment trépassée et enterrée aurait été vue rôdant dans une rue… Les morts se relèveraient-ils de leur tombe ?
Épaulé par sa très chère Emilie du Châtelet, Voltaire fait appel à toute la logique de la philosophie et des sciences qu’affectionne tout particulièrement sa compagne, pour résoudre cette bien étrange affaire.
Mon avis : Le libraire Gérard Collard décrivait ce troisième tome de la saga Voltaire mène l’enquête comme « Léger, pétillant, suprêmement intelligent, ça ressemble à du champagne. » Je ne saurais le contredire. Cela résume parfaitement mon avis sur Le Diable s’habille en Voltaire.
J’étais victime d’une panne de lecture. Je me suis tournée vers la suite de cette saga. Bien m’en a pris, panne effacée, j’ai dévoré ce livre et j’en ai savouré chaque page et chaque jeu de mot !
On rit toutes les deux pages. Le talent de Frédéric Lenormand à faire revivre Voltaire tout au long du roman est inimitable. Il nous dépeint un personnage hypocondriaque, profondément imbu de sa personne, faisant usage du verbe comme d’une arme acérée contre ses détracteurs, mais plus encore, doté d’un humour cinglant qu’il manie avec brio pour déstabiliser tous les adversaires se présentant sur son chemin. On ne résiste pas.
Ainsi, Voltaire n’hésite pas à se dédier sa propre pièce de théâtre… :

« Il manqua de perdre sa perruque quand il vit que le contrefacteur d’écrits épiscopaux avait poussé la supercherie jusqu’à se rendre dédicataire de sa pièce. On pouvait lire en exergue : « Au grand Voltaire, inspirateur de mes humbles rimes, en hommage respectueux.«  » [p. 89]

Autre point positif : Qui a besoin de lire Métronome de Lorànt Deutsch, quand vous pouvez visiter les sous-sols de Paris et vous laisser guider par Voltaire en personne, pour vous en conter l’histoire ? Ce roman est résolument tout-en-un :

« Les fours à chaux et les gisements de plâtre furent une nouvelle occasion de montrer son savoir. Les Romains avaient commencé à faire de Lutèce un gruyère pour extraire les blocs nécessaires à leurs thermes, à leurs temples, à leurs amphithéâtres. On voyait aussi des parcelles privées, exploitées séparément au Moyen-Âge.
Ces visites culturelles étaient riches d’enseignement. Assis sur des moellons de maçonnerie, Linant et la marquise prirent un peu de repos en suivant d’un œil distrait la chandelle du lutin cavernicole. Celui-ci leur expliqua comment, au fil des siècles, toute cette rocaille avait permis d’édifier la capitale sans qu’il fût besoin d’importer d’autres matériaux.
– C’est très fin, dit Emilie. Et quand nos maisons s’abîmeront dans ces trous, ce sera par l’ingéniosité de nos ancêtres. » [p. 155] 

Comme c’est la règle dans cette série Voltaire mène l’enquête, si vous avez lu et apprécié le ton particulièrement décalé de Candide de Voltaire (l’original), vous ne pourrez que vous régaler de ces ouvrages et particulièrement de ce volume. On en redemande, les 286 pages de Le Diable s’habille en Voltaire se dévorent d’une traite, peut-être trop vite pour notre appétit insatiable, avide du bon mot, de la bonne pique qui viendra nous enchanter l’esprit. 
Inimitable Voltaire, génialement ramené à la vie par Frédéric Lenormand sous sa plume dont on espère qu’elle continuera longtemps à noircir le papier et à nous conter les aventures décapantes de ce brillant philosophe ! Coup de cœur absolu !
Ma note pour ce livre (entre 1 et 5 étoiles) :

(1) Comment

  1. Tout à fait d'accord !

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