Amy Ewing, Le Joyau (The Lone City #1)

Le JoyauAmy Ewing, Le Joyau (The Lone City #1), éd. Robert Laffont (Collection R), septembre 2014

(Titre original : The Jewel)

Violet est une jeune fille pauvre du quartier du Marais. Elle a toutefois une capacité qui fait d’elle un être spécial : elle sait transformer des objets et des êtres vivants par la force de son esprit. Les familles dirigeantes du Joyau, le cœur de la cité, cherchent à utiliser son don pour qu’elle porte leur enfant, et qu’il devienne la progéniture parfaite. Mais à quel prix ?

En bref : Violet a grandi dans une famille pauvre du Marais, le quartier le plus démuni et le plus éloigné du cœur de la cité. Dès sa puberté, Violet fut contrainte à passer des examens, qui indiquèrent qu’elle disposait du don caractéristique, très recherché par les familles riches du Joyau, le centre de la ville. Violet est alors arrachée à sa famille et intègre un internat où elle mange certes à sa faim, mais où l’on y force à développer ses dons, les Augures. Violet apparaît très douée, apte à transformer un objet ou un être vivant selon sa volonté, voire même d’accélérer sa croissance.

« La Cité solitaire se divise en cinq cercles, séparés les uns des autres par un mur. A l’exception du Marais, tous portent un nom relatif à leur secteur d’activité. Le Marais est l’anneau extérieur, le plus pauvre. C’est une zone dortoir où vivent les ouvriers. Le quatrième cercle, la Ferme, est le lieu de production des récoltes. Puis vient la Fumée, où sont implantées les usines. Le deuxième cercle se dénomme le Commerce ; il regroupe les marchands. Enfin, il y a le noyau, qu’on appelle le Joyau. Le cœur de la Cité, où réside la royauté. Et où, à partir de demain, Raven et moi vivrons aussi. » [p. 15]

A la fin de sa formation, Violet et les camarades de sa promotion sont emmenées pour être vendues aux enchères aux familles dirigeantes peuplant le Joyau. Si ces élites vivent dans le faste et l’opulence, elles ne peuvent toutefois pas procréer par elles-même. Il est donc nécessaire pour elles d’acquérir une mère-porteuse, idéalement douée des plus grandes aptitudes magiques, pour porter leur futur enfant et le « modeler » selon l’idéal imaginé par leurs propriétaires.

« – La Royauté s’essoufflait, dis-je, répétant ce qu’on m’a rabâché à Southgate. Les bébés naissaient mal-formés, avant de mourir. Certaines femmes ne pouvaient pas en avoir du tout. C’est grâce aux mères-porteuses que la royauté survit et que se perpétue le sang royal. Les Augures, ces pouvoirs que nous possédons, permettent de réparer les dommages chromosomiques des embryons royaux. » [p. 188]

Mais une fois l’enfant né, un bien sombre avenir attend les mères-porteuses comme Violet, encore plus sombre que ce que l’on a bien voulu leur faire croire. Une course contre la montre s’amorce donc pour l’héroïne, qui trouve, contre toute attente, des alliés inattendus au sein même du Joyau, afin de faire cesser cette tradition contre-nature et cet esclavagisme déguisé.

Mon avis : Le Joyau est le premier tome d’une trilogie intitulée The Lone City en Anglais. Passionnée de musique, Amy Ewing y introduit cet art par le biais du personnage de Violet, qui excelle au violoncelle. Plus sérieusement, l’auteur dénonce au travers du Joyau les dérives de la recherche médicale au profit de la fécondation assistée.
Reprenant les grandes idées fondatrices du Le Meilleur des MondesMeilleur des Mondes d’Aldous Huxley, roman d’anticipation dystopique daté de 1931, selon lequel on crée des bébés éprouvettes en tout point conformes aux souhaits de la société, sélectionnant les gènes et traits que l’on souhaite inclure au futur nouveau né, afin de former une caste de nouveaux humains parfaits sous tous les angles.
La question de la vente d’êtres humains comme des objets, uniquement considérés pour leur aptitude à porter la vie, et dénigrant totalement leur humanité, ne les reléguant qu’à des ustensiles précieux pour aboutir à un résultat, et s’en débarrassant par la suite, sans aucun autre remord, pousse également à une forte interrogation quant à l’humanité réelle des puissants qui semblent pouvoir disposer du droit de vie et de mort sur autrui, pour la simple et unique raison qu’ils sont « bien nés » et suffisamment riches pour pouvoir s’offrir tout ce qui leur plait.
Certains auront comparé Le Joyau à La Sélection de Kiera Cass, mais à l’exception des classes sociales compartimentés en zones géographiques, ainsi que les belles robes que l’héroïne peut porter, la ressemblance s’arrête là. La dystopie est bien plus approfondie dans Le Joyau d’Amy Ewing que dans l’oeuvre de Kiera Cass.
Vous l’aurez compris, ce premier tome est pour moi une belle réussite, qui appelle à la réflexion et aux dérives du progrès scientifique au service non plus de l’intérêt général, mais d’une élite toute puissante.
La fin de ce premier ouvrage se termine sur un cliffhanger si fort qu’on n’attend plus qu’une chose, la suite prévue pour la rentrée prochaine !

Ma note :

Fourstars1

(8) Comments

  1. J’ai beaucoup aimé ce premier tome, et c’est vrai que dans la sélection (même si j’avais plus qu’adoré), c’était pas tant que ça dystopique à part sur le fond. Ici c’est se coté dystopique qui nous révolte, nous énerve et on a envie de savoir ce qu’il va arriver à Violet! J’ai hâte de lire la suite La rose Blanche qui est dans ma wishlist prioritaire pour les fêtes 😀

    1. Oui Le Joyau est vraiment plus abouti que La Sélection je pense 😉

  2. Ce roman a l’air génial ! L’idée au cœur du roman semble vraiment bien trouvée ! 🙂

    1. J’espère que tu apprécieras ta lecture alors 🙂

  3. Il me tente énormément depuis un moment, il faudrait que je me l’achète !

  4. J’ai très envie de donner sa chance à ce livre, mais j’ai assez peur de tomber dans le même schéma que la sélection … Maintenant, je n’ai plus à hésiter 😉

    1. J’espère qu’il te plaira !

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