Emmanuelle Pirotte, Today we live

Today We LiveEmmanuelle Pirotte, Today we live, éd. Le Cherche-Midi, septembre 2015

Dans les Ardennes belges, une enfant juive est confiée à deux soldats américains… mais ces derniers sont en réalité des SS infiltrés. 

En bref : Une petite fille juive est confiée par un prêtre à deux soldats américains de passage dans les Ardennes belges, afin de la cacher. La deuxième Guerre Mondiale touche à sa fin, les Allemands sont en train de perdre et ont pour consignes de faire le plus de dégâts sur leur passage. Lorsqu’il s’avère que les deux soldats sont en réalité des SS infiltrés, l’avenir de la petite est compromis. Alors qu’ils s’apprêtent à l’abattre, l’un des deux retourne l’arme contre son coéquipier et le tue. Le soldat et la fillette partent alors dans une incroyable cavale le long des routes des Ardennes, tentant de fuir on ne sait trop quoi, on ne sait trop où. Jusqu’à leur arrivée dans une ferme du coin, où deux familles se cachent, de même que de vrais soldats américains. L’illusion sera-t-elle parfaite ? Le SS parviendra-t-il à préserver sa couverture ? Un incroyable huis clos débute.

Mon avis : Today we live est le premier roman d’Emmanuelle Pirotte. Ce court roman de la rentrée littéraire 2015 nous plonge dans une ambiance lourde et pesante, au coeur des années sombres de la Seconde Guerre Mondiale. La situation est délétère, les Allemands pratiquent la politique de la terre brûlée. On découvre très vite, dans ce huis clos angoissant, que personne n’est totalement bon ou mauvais, et que l’on n’est pas à l’abri d’être surpris, en bien ou en mal, par n’importe lequel d’entre nous.

« Le mot « Juif » constituait un véritable mystère. Renée s’était juré de le percer un jour, et surtout de comprendre pourquoi ce mot rendait les gens tantôt lâches, comme le père de Marcel et Henri, tantôt méchants comme Françoise ou Marie-Jeanne, tantôt courageux et fraternels comme les fermiers de l’autre campagne, soeur Marthe du Sacré-Coeur, le curé ou Jules Paquet. C’est ce qui tracassait Renée par-dessus tout, ce que ce mot déchaînait comme émotions, la faculté qu’il avait de mettre les êtres à nu. » (p. 49)

On notera également l’incroyable intelligence de cette petite fille juive, qui saisit très vite la complexité des situations dans lesquelles elle se trouve mêlée, et nous propose parfois, au travers de réflexions dont seuls les enfants sont capables, des passages criants de vérité à l’état but, et non censurée par le quand dira-t-on des adultes.

« T’en fait pas, m’fèye, sont pas méchants. Z’ont juste peur, c’est tout. Et la peur, ça rend bête. Mais ici, c’est chez moi, et moi, j’ai pas peur. » (p. 47)

« Au fond, ce qui faisait que les nazis ne deviendraient jamais les maîtres du monde, c’était leur manque total de sens de l’humour. Et, corrélativement, leur inaptitude à l’autodérision. Le peuple juif pouvait bien avoir été gratifié de toutes les tares possibles et imaginables, il avait une supériorité incontestable sur la race germanique, quoi qu’en pensa le Führer. Au coeur de la tourmente qui les engloutissait, dans les situations les plus infernales, les Juifs continuaient de pratiquer leur humour noir » (p. 99)

Ma note : 

Fourstars1

Merci aux éditions Le Cherche-Midi pour m’avoir permis de lire ce roman.

(2) Comments

  1. […] Une blogueuse vous donne son avis et vous propose un extrait ici. […]

  2. J’ai entendu parler de ce roman sur TELEMATIN. Je l’ai acheté mercredi 06.01.2016 et je viens de le finir ( je l’ai commencé jeudi 07.01.016. et terminer ce vendredi 08.01.016.
    Impossible de le lâcher! envie de savoir comment cette histoire se termine. EXCELLENT

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