Miss Dumplin, de Julie Murphy

Miss Dumplin_OK VRPJulie Murphy, Miss Dumplin, éd. Michel Lafon Jeunesse, 12 mai 2016

(Titre original : Dumplin)

Une adolescente en surpoids, originaire d’une petite ville américaine, tente de s’accepter telle qu’elle est. Mais ce n’est pas évident quand sa mère dirige un concours de miss, et qu’un des plus beaux garçons de la ville s’intéresse à elle.

En bref : Willowdean Dickson est une adolescente de la petite ville de Clover City, aux Etats-Unis. Mais depuis toujours, Willowdean doit accepter son corps en surpoids par rapport à « la norme ». Ce n’est pas évident tous les jours, lorsqu’on va au lycée et que ses camarades sont cruels. Mais quand sa propre mère semble gênée par la vie des rondeurs de sa fille, Will craque.

« Le mot « grosse » met les gens mal à l’aise. Mais quand vous me voyez, la première chose que vous remarquez, c’est le volume de mon corps, de la même façon que la première chose que je remarque chez certaines filles c’est qu’elles ont de gros seins, des cheveux brillants ou des genoux cagneux. Et tous ces trucs-là, on peut les dire. Mais « grosse », le mot qui me désigne le mieux, fait grimacer les gens et les fait pâlir.
Pourtant, c’est ce que je suis : grosse. Ce n’est pas un mot vulgaire, et encore moins une insulte. Du moins, pas quand c’est moi qui le dis. Alors, tant qu’à faire, pourquoi ne pas commencer par là, histoire de passer rapidement à autre chose ? » (p.17)

Il y a presque un an, la tante de Will, Lucy, est décédée d’un arrêt cardiaque alors qu’elle n’avait que la trentaine. Elle était atteinte d’obésité morbide, pesant plus de 200 kg. Lucy n’avait jamais réussi à accepter son corps et à s’affirmer face au regard des autres. Elle manque terriblement à Will qui reproche à sa mère de vouloir faire disparaître les dernières traces de sa tante sans aucun regret, car elle est trop obnubilée par le concours de Miss Lupin Junior dont elle est l’organisatrice depuis qu’elle l’a remporté il y a des années. Alors qu’elle fouille dans les vieilles affaires de Lucy, Willowdean découvre un ancien formulaire d’inscription au concours Miss Lupin Junior. Lucy aurait-elle voulu s’inscrire ? Pour honorer la mémoire de sa tante disparue, Will décide qu’elle aussi s’inscrira au concours cette année.

« Je passe le reste de l’après-midi à étudier le formulaire, et je suis surprise de découvrir que les seules conditions obligatoires pour s’inscrire au concours c’est d’avoir entre quinze et dix-huit ans et la permission écrite des parents. Je m’imaginais un tas d’autres critères, et je n’en reviens pas qu’il soit si simple de se présenter. En fait, n’importe quelle fille de mon âge pourrait le faire.
Une pensée obscène me traverse l’esprit. » (p.145-146)

Lorsqu’un séduisant jeune garçon avec qui travaille Will dans un fast-food commence à s’intéresser à elle, la jeune fille ne sait plus comment réagir. Elle a du mal à croire qu’un garçon comme lui puisse la trouver belle. Pire encore, elle n’arrive pas à imaginer comment la société pourrait accepter un couple qu’elle considère comme tellement dépareillé.

« Je n’en reviens pas. Comment peut-elle voir quelque chose que je ne ressens pas ? Et à quoi sert d’avoir l’air sûre de moi si je ne le suis pas réellement ? Je pensais que je me foutais de mon image dans le miroir. Mais Bo a tout gâché. Ce qui n’a pas de sens : ça devrait être plus facile de se plaire quand on plaît aussi à quelqu’un d’autre. » (p.178)

Mon avis : Miss Dumplin m’intriguait depuis sa sortie aux Etats-Unis il y a quelques mois. Je trouvais le pitch de départ intéressant et original, on n’avait pas l’habitude d’un tel sujet dans la littérature Young-Adult.
Au premier abord, j’ai eu un peu de mal à rentrer dans le roman. Je trouvais l’écriture assez simpliste, et je devais parfois relire à plusieurs reprises un même paragraphe car mon attention n’arrivait pas à rester focalisée sur l’histoire tant elle ne parvenait pas à me passionner.
Je me suis accrochée, mais plus j’avançais dans Miss Dumplin, plus je trouvais l’héroïne pénible. Willowdean est ronde et elle s’accepte. Elle condamne les personnes comme Patrick, l’un de ses camarades qui passe son temps à se moquer des autres lycéens et de leur affubler d’horribles surnoms. Pourtant, elle ne peut s’empêcher de porter des jugements de valeur extrêmement dégradants à l’encontre d’autres jeunes filles qu’elle considère comme « pire qu’elle ».

« – Pourquoi j’ai pété les plombs ? Parce que tu m’as laissée toute seule dans la piscine. Tu m’as abandonnée ! Et c’était qui, cette connasse pas plus épaisse qu’un fil de fer ?
Je regrette mes mots dès qu’ils sont sortis de ma bouche. Toute ma vie, les gens ont fait des commentaires sur mon corps, et si j’ai appris quelque chose en vivant dans ma propre peau, c’est que nul n’a le droit de juger un corps qui ne lui appartient pas. Gros, maigre, grand, petit – peu importe. » (p. 41)

Malheureusement pour elle (et pour nous), elle ne semble pas avoir appris la leçon pour la suite du roman…
De même avec ses peines de coeur. Entre deux garçons, son coeur balance, mais elle ne parvient jamais à être honnête ni avec l’un ni avec l’autre. Elle utilise l’un comme bouche trou et se plaint que l’autre ait été courtisé par une fille plus jolie qu’elle, alors qu’elle a passé trop de temps à rejeter ses avances.
Pour conclure, j’ai également regretté la profusion de personnages trop caricaturaux dans Miss Dumplin. Les protagonistes n’ont aucune subtilité. J’avais le sentiment que l’auteur avait ressorti tous les clichés disponibles, les avaient mélangé dans un shaker et avait obtenu ce roman.
J’ai eu tellement de mal avec ce livre et ma lecture était si poussive que j’ai sérieusement envisagé de l’abandonner à 100 pages de la fin. Mais je me suis accrochée pour connaître la chute de toute cette histoire, que j’ai trouvée bâclée et précipitée. Le concours en lui même ne tient même pas sur 50 pages, alors qu’on pourrait penser qu’il va être exploité durant la majeure partie du roman.
Vous l’aurez compris, j’ai été vraiment déçue par Miss Dumplin, dont j’attendais pourtant beaucoup. Tant sur le fond que sur la forme, je ne m’y suis pas retrouvée. C’est fort dommage, car ce sujet à vraiment besoin d’être mieux abordé dans la littérature jeunesse.

Ma note : 

Twostars

Merci aux éditions Michel Lafon pour m’avoir permis de lire ce livre.

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