Nos Horizons Infinis, de Tahereh Mafi

Nos Horizons Infinis de Tahereh Mafi éditions Michel Lafon couvertureTahereh Mafi, Nos Horizons Infinis, éd. Michel Lafon jeunesse, juin 2020

(Titre VO : A Very Large Expanse of Sea)

Shirin est une ado d’origine iranienne vivant aux États-Unis.
Un an après les attentats du 11 septembre 2001 qui ont frappé son pays, le voile qu’elle porte pour cacher ses cheveux fait d’elle la cible de la haine gratuite de ses concitoyens blancs.

 

En bref

Shirin a 16 ans. Elle est américaine et ses parents déménagent très souvent, ce qui ne lui laisse jamais vraiment le temps de prendre ses marques dans les établissements scolaires qu’elle fréquente.

Cela lui va malgré tout, car Shirin a appris depuis bien longtemps à se blinder face aux regards et aux commentaires déplacés des autres, des adolescents comme des adultes.

Car Shirin est d’origine iranienne, et musulmane.

Si elle voue une passion sans limite pour la mode et le break dance, le voile qu’elle porte pour couvrir ses cheveux fait d’elle la cible des moqueries, ragots, insultes et autres remarques racistes partout où elle se rend.

« Je ne faisais plus confiance à quiconque. J’étais tellement à vif d’avoir été si souvent exposée à la cruauté que les éraflures, même les plus légères, laissaient en moi leur trace. La caissière de l’épicerie était désagréable avec moi et son manque d’amabilité me perturbait pour le restant de la journée car je ne savais jamais… Je n’avais pas moyen de savoir…
Vous êtes raciste ? Ou c’est juste qu’aujourd’hui vous êtes mal lunée ?
Je ne parvenais plus à distinguer les personnes lambda des monstres.
J’observais le monde autour de moi et je n’en discernais plus les nuances. Je n’y voyais rien d’autre qu’une source de souffrances avec, comme conséquence, la nécessité de me protéger, en permanence. » (p. 113)

Il y a un an, les États-Unis vivaient, le 11 septembre 2001 le pire jour de leur histoire contemporaine.

Le quotidien de Shirin n’a fait qu’empirer. Elle paye le prix d’un combat qui n’est pas le sien, et de ce fait, l’oblige à se replier encore plus sur elle-même.

« Tout en moi – mon visage, ma manière d’être – était devenu politique. À une époque, ma présence créait un simple malaise ; j’étais la marginale de service, rien de plus, le genre d’énigme facile à écarter de sa vue, de son chemin. Mais un jour, au lendemain d’une tragédie épouvantable, je me suis réveillée en pleine lumière. J’étais aussi bouleversée et horrifiée que les autres, mais ça ne comptait pas : personne ne croyait en mon chagrin. Des gens que je n’avais jamais vus de ma vie me traitaient soudain de meurtrière. Des inconnus me hurlaient dans la rue, à l’école, à l’épicerie, dans les stations-service, au restaurant, de rentrer chez moi dans mon pays, de retourner baiser les chameaux en Afghanistan, espèce de terroriste !
J’avais envie de leur dire que j’habitait le quartier. De leur dire que je n’avais jamais mis les pieds en Afghanistan. » (p. 162)

Jusqu’au jour où elle rencontre Océan James.

 

Instagram @missmymoo

 

Mon avis

J’avais quelques réserves avant de lire ce nouveau roman de Tahereh Mafi, car j’avais tenté de lire son roman jeunesse Au Pays de l’Ailleurs, et j’avais dû l’abandonner tant je n’accrochais pas à l’histoire.

Nos Horizons Infinis est le premier roman contemporain de Tahereh Mafi, et il est probablement grandement inspiré de son histoire personnelle. Tout comme l’autrice dans les années 2000, l’héroïne est une adolescente d’origine iranienne portant le hijab, ce foulard couvrant les cheveux, aux États-Unis.

Son héroïne fait également l’expérience d’une histoire d’amour avec un jeune américain blanc. Elle s’interroge d’ailleurs sur la viabilité d’un couple mixte dans le contexte tendu du post-11 septembre, là où Océan ignore tout de son quotidien compliqué, des jugements de valeur et du regard des autres.

Rappelons que Tahereh Mafi est aujourd’hui mariée à l’auteur de romans young adult Ransom Riggs depuis plusieurs années.

« Océan avait la tête de l’Américain type, le genre auquel peu de filles résistaient, qui le situait tout de suite dans l’esprit des recruteurs et qui, auprès de la population du coin, lui vaudrait toujours de passer pour un bon garçon avec un gros potentiel et un brillant avenir. J’essayais de lui expliquer pourquoi ma présence dans sa vie serait à la fois problématique et controversée, mais Océan ne voulait rien entendre. » (p. 235)

Nos Horizons Infinis aborde donc le sujet des couples mixtes dans une Amérique fortement politisée (qui n’est pas sans rappeler ce que ce pays connaît à nouveau aujourd’hui).

Il est également question, alors que le sujet des droits civiques et du mouvement Black Lives Matter, de l’éducation de la société à la lutte contre le racisme, contre les préjugés et les raccourcis politiques et haineux.

Sur qui repose la responsabilité de cette instruction ?
Les blancs doivent-ils cesser d’être silencieux et également prendre part à la discussion et à l’éveil des conscience, en soutien à des minorités épuisées par un combat quotidien contre des attaques incessantes ?
C’est également un grand sujet que Tahereh Mafi expose à la réflexion de tous dans Nos Horizons Infinis.

« J’en ai plus que marre […]. J’essaie d’éduquer les gens depuis des années et c’est épuisant. J’en ai assez d’être patiente avec les intolérants. J’en ai assez d’essayer d’expliquer pourquoi je ne mérite pas d’être tout le temps traînée plus bas que terre. J’en ai assez de supplier tout le monde de comprendre que les personnes de couleur ne sont pas toutes les mêmes, que nous ne croyons pas tous aux mêmes choses, n’avons pas tous les mêmes émotions, ne vivons pas le monde pareil. […] j’en ai par dessus la tête d’essayer d’expliquer pourquoi le racisme, c’est mal, O.K. ? Pourquoi ce serait à moi de le faire ? » (p. 128-129)

Même si j’avais parfois des opinions un peu nuancées sur certains sujets – de par notamment mon histoire personnelle – j’ai été profondément touchée par ce roman puissant, particulièrement en cette période troublée.

Je vous incite fortement à lire Nos Horizons Infinis, car il vous ouvrira les yeux sur le quotidien d’une personne appartenant à une minorité, aux agressions qu’elle peut vivre au quotidien. J’espère qu’il participera également à éveiller les consciences, et à faire évoluer les mentalités.

Coup de coeur pour ce roman ♡

 

Ma note

 

Merci aux éditions Michel Lafon pour m’avoir permis de lire ce livre.

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