The Hate U Give, d’Angie Thomas

Angie Thomas, The Hate U Give (La Haine qu’on donne), éd. Nathan, à paraître le 5 avril 2018

(Titre VO : The Hate U Give)

Starr a 16 ans et lorsqu’elle voit son ami noir être abattu par un policier lors d’un simple contrôle routier, sa vie est bouleversée. 

En bref : Starr est une jeune afro-américaine de 16 ans vivant dans un quartier défavorisé aux États-Unis, dont la quasi-majorité de la population est noire. Mais Starr et ses deux frères sont scolarisés depuis quelques années dans un lycée d’une autre banlieue cossue, afin de les protéger des violences qui ont déjà mis un terme à la vie de la meilleure amie de Starr lorsqu’elle avait 10 ans.
Starr est tiraillée entre sa « vraie » personnalité, celle de son quartier de Garden Heights, et celle qu’elle se force d’adopter lorsqu’elle traverse les grilles de son lycée privé dont elle la seule adolescente noire, afin d’échapper aux clichés de la jeune fille noire du guetto.
En rentrant d’une soirée arrosée à Garden Heights, elle est raccompagnée par l’un de ses plus vieux amis d’enfance, Khalil, lorsqu’un policier les force à s’arrêter sur le bord de la route. Simple contrôle au faciès qui dérape. Khalil est abattu sans raison et Starr est l’unique témoin du drame.
Dès lors, la vie de Starr est bouleversée. En plus du deuil de son ami, elle porte la responsabilité de lui rendre justice, en témoignant auprès des autorités afin que sa mort ne reste pas impunie.
Khalil devient l’emblème des victimes de violences policières à caractère raciste aux États-Unis, et Starr l’unique porte-parole qu’il lui reste.

« J’ai déjà vu ça des tonnes de fois : un Noir se fait descendre juste parce qu’il est noir et tout part en vrille. J’ai tweeté avec le hashtag RIP, partagé des images sur Tumblr, et signé toutes les pétitions qui passaient. J’ai toujours dit que si ça arrivait à quelqu’un sous mes yeux, j’ouvrirais ma gueule en grand, je mettrais le monde entier au courant.
Et bien voilà, j’y suis. Mais j’ai trop peur pour parler. » (p. 43)

Le poids de l’injustice, du racisme ordinaire et institutionnel mais également de l’acceptation de soi lorsqu’on n’est qu’une simple adolescente tentant de trouver sa place dans le monde : tout pèse lourdement sur les épaules de Starr… Sera-t-elle assez forte pour endosser des responsabilités qui dépassent de loin son jeune âge ?

Instagram @missmymoo

Mon avis : Je voulais lire The Hate U Give depuis sa sortie en VO l’an passé, au moment des émeutes et du mouvement Black Lives Matter qui a enflammé les rues des États-Unis, en réaction aux trop nombreux dérapages de la part des forces de l’ordre à l’encontre de Noirs américains. La problématique du racisme et de la ségrégation aux États-Unis a toujours été un thème qui m’a passionné depuis de nombreuses années, et ce mouvement de révolte populaire m’avait particulièrement émue.

Ieshia Evans, arrêtée en marge des émeutes à Baton Rouge (USA), tendant les mains pacifiquement pour être menottée, face aux policiers anti-émeutes.

Je n’ai pas été déçue de ce roman, lu en Français et à paraître le 5 avril aux éditions Nathan. The Hate U Give reprend comme un clin d’oeil les paroles du rappeur Tupac, à l’origine de l’expression THUG LIFE : « The Hate U Give Little Infants Fucks Everybody« .

« – Tupac disait que le nom de son groupe « Thug Life« , la vie de gangsta, ça voulait dire « The Hate U Give Little Infants Fucks Everybody« , la haine qu’on donne aux bébés fout tout le monde en l’air. […] Ce qui veut dire que ce que la société nous fait subir quand on est gamins lui pète ensuite à la gueule. » (p. 25)

Les références aux mouvements populaires anti-racistes sont légion dans ce roman, en partant par le récent Black Lives Matter, mais en remontant jusqu’à Martin Luther King et en passant par les célèbres Black Panthers et leurs codes d’honneur.

« Mes frères et moi avons appris par coeur le programme des Black Panthers comme d’autres ont appris le serment d’allégeance au drapeau des États-Unis.
– « Nous voulons la liberté. Nous voulons les pleins pouvoirs. Définir le destin de notre peuple noir opprimé. »
[…]
– « Nous voulons l’arrêt immédiat de la brutalité policière et des meurtres des Noirs, des autres gens de couleur et des opprimés. »
[…]
– Et selon le frère Malcolm X, notre objectif, c’est quoi ?
Seven et moi, on était déjà capables de citer du Malcolm X dans le texte à treize ans. […]
– La liberté, la justice et l’égalité pleines et entières, je dis, par tous les moyens nécessaires. » (p. 354-355)

The Hate U Give d’Angie Thomas n’est pas qu’un simple roman jeunesse faisant allusion au racisme. C’est une appropriation des violences commises à l’encontre de tout un peuple, de ses répercussions sur le quotidien de tous, et spécialement de cette jeunesse afro-américaine qui doit vivre avec cette épée de Damoclès planant au-dessus de leurs têtes, la crainte d’être contrôlé par les forces de l’ordre pour le simple fait d’être né noir.
Cette injustice est plus que jamais d’actualité, et il est triste et désespérant de savoir qu’au XXIe siècle, dans la plus grande puissance mondiale que sont les États-Unis, une grande part de la population, pourtant légalement libre et égale en droits, risque à tout moment sa vie en raison de son apparence.
Pour autant, The Hate U Give n’est pas un brulot anti-police, bien au contraire. Une distinction claire est faite entre les agents intègres et les brebis galeuses.

« – As-tu peur de la police depuis ce jour-là ? finit-elle par demander.
– Je ne sais pas, je réponds honnêtement. Mon oncle est policier. Je sais qu’ils ne sont pas tous mauvais. Et ils risquent leur vie, vous savez ? J’ai toujours peur pour mon oncle. Mais j’en ai marre que la police parte du principe qu’on est tous des voyous. Surtout les Noirs. » (p. 320)

Vous l’aurez compris, je ne peux que vous enjoindre à lire The Hate U Give, quel que soit votre âge, un roman qui ne vous laissera pas indifférent, et je l’espère de tout mon coeur, car une telle injustice ne devrait plus perdurer de nos jours.
Le racisme est un cancer qui mérite d’être éradiquer au même titre que les autres.
Ce roman m’a redonné envie de lire d’autres ouvrages sur le sujet, et le hasard à voulu qu’est tombé entre mes mains au travail un recueil d’articles de Brit Bennett, Je ne sais pas quoi faire des gentils Blancs (éd. Autrement ; voir photo ci-dessus) que je me suis empressée de lire. Je vous en reparlerai très bientôt.

Ma note : 

Merci aux éditions Nathan pour m’avoir permis de lire ce roman.

(5) Comments

  1. J’ai hâte de lire ce roman !

    1. J’espère qu’il te plaira !

  2. Une Fille de Novembre says:

    J’hésitais quant à l’achat de ce livre… eh bien plus pour longtemps. Il ne manque plus qu’à trouver le temps pour passer à la librairie!!

  3. Très très envie de le découvrir depuis que je le vois passer sur les réseaux sociaux !

    1. J’espère vraiment que tu pourras le lire, il est magnifique !

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