À Première Vue, de Colleen Hoover

Colleen Hoover, À Première Vue, éd. Hugo Roman, octobre 2018

(Titre VO : Without Merit)

Merit vit dans une ancienne église. Sa famille est également bien étrange, puisque son père remarié vit avec sa nouvelle femme sous le même toit que son ancienne épouse.
Mais le drame de Merit ne s’arrête pas là. Alors qu’elle se sent de moins en moins à sa place au sein de cette dynamique familiale étrange, voilà qu’elle tombe amoureuse de Sagan… qui pourrait bien n’être autre que le petit ami de sa soeur jumelle.

En bref : Merit a une passion étrange. Elle collectionne les trophées… qu’elle n’a pas gagné. Depuis le jour où son premier petit-ami l’a larguée tout en la pelotant, elle a décidé d’écumer les ventes et autres marchés aux puces et de s’acheter un trophée pour marquer tous les événements négatifs qui ponctuent sa vie. Autant dire qu’elle en possède une collection impressionnante.

Un jour qu’elle parcours les collections d’un vendeur dans un magasin, elle tombe nez à nez avec un garçon et son coeur manque un battement. Ces deux-là se sont tapés dans l’oeil… jusqu’au moment fatidique où le garçon s’aperçoit (trop tard) que Merit n’est en fait que la soeur jumelle de son amie Honor.

C’en est trop pour Merit, qui doit déjà supporter une dynamique familiale plus que pesante : elle habite une église désaffectée et réaménagée en foyer. Son père a quitté sa mère alors qu’elle luttait contre un cancer… pour épouser l’infirmière particulière de celle-ci. Depuis, tout ce petit monde (y compris sa mère) vit sous le même toit, dans des « quartiers » différents de la maison.

Merit sent le poids de la vie lui peser de façon insoutenable sur les épaules. Sa rencontre avec Sagan et le fait qu’il soit en réalité l’ami de sa soeur jumelle n’est que le coup de grâce. Comment peut-elle continuer à faire face au quotidien lorsque celui-ci s’acharne désespérément contre elle, et lui interdit d’être heureuse, d’être elle-même, pleine et épanouie ?

Instagram @missmymoo

 

Mon avis : Comme j’ai pris plaisir à retrouver la plume de Colleen Hoover, dans un roman qui aurait pu être (à mon avis) publié sous le label New Way (il est d’ailleurs, d’après l’auteure elle-même, catégorisé comme un roman young adult aux États-Unis). À Première Vue est certes une romance, mais tout en légèreté et en subtilité, aucune scène particulièrement osée n’apparaissant dans ce roman (les lectrices de romance seront prévenues).

À Première Vue est un roman magnifique sur un fléau qui porte un nom : la dépression. Quiconque a déjà souffert de ce mal sait combien l’on peut se sentir seul, isolé et incompris. La dépression est une maladie, mais bien trop souvent, l’entourage conseille à la personne qui en souffre de « se secouer » pour en sortir, là où l’on traiterait un état grippal bien différemment.

Merit est une adolescente comme les autres. Elle évolue au sein d’une famille dysfonctionnelle et a le sentiment de n’être que l’ombre de sa soeur jumelle si parfaite et populaire. La situation entre son père et sa mère, qui vit recluse dans leur sous-sol car elle souffre d’agoraphobie, lui pèse. Et il y a Sagan, ce merveilleux jeune homme pour qui elle développe des sentiments qu’elle s’interdit pourtant de ressentir, et pour lesquels elle se déteste vis-à-vis de sa soeur.

À Première Vue nous enseigne qu’on peut souffrir de dépression mais ne pas se sentir glisser au fond du trou du jour au lendemain. On peut également ressentir ponctuellement de la joie, de l’empathie, mais que la morosité ne soit jamais loin. L’état dépressif ne vous tombe pas dessus du jour au lendemain, au contraire d’une maladie plus courante. Il évolue comme un cancer qui vous ronge.

« – J’ai appris une chose […]. Que la dépression n’implique pas forcément qu’on se sente tout le temps malheureux ou suicidaire. L’indifférence en est aussi un signe. Ça remonte à un bout de temps, pourtant, je prends encore des médicaments pour ça tous les jours. » (p. 258)

 

« Bien des dépressifs ignorent leur état. Les changements se produisent peu à peu. Du moins c’était mon cas. Je me croyais au sommet du monde jusqu’au jour où j’ai eu l’impression d’en être tombé, de flotter à l’intérieur pour finir par me retrouver en dessous. » (p. 330)

J’ai dévoré ce roman en ressentant les émotions que tentait de faire passer Colleen Hoover via Merit avec une force et une puissance que je n’aurais pas cru possibles. C’est un fait, Colleen Hoover parvient à chaque fois à me bouleverser avec ses romans, quels que soient les problèmes auxquels ils s’attaquent. Celui-ci a particulièrement résonné en moi, pour diverses raisons, et plusieurs références qui y sont faites, et sur lesquelles je ne m’étendrai pas plus que ça pour des raisons personnelles. L’une d’entre elle étant l’allusion aux révolutions du Printemps arabe, initiées par l’un de mes deux pays, la Tunisie. J’ai été particulièrement surprise que Colleen Hoover s’empare d’un tel sujet, et touchée qu’elle en fasse mention (car c’est un sujet qui est très certainement bien méconnu aux États-Unis).

« Il y a quelques années, a eu lieu ce qu’on appelle le Printemps arabe. De nombreux citoyens ont organisés des manifestations pour tenter de renverser ces dictateurs. Ils voulaient que leurs pays soient moins corrompus, qu’ils ressemblent d’avantage à des démocraties, avec un certain équilibre des pouvoirs. Ça a marché en Tunisie et en Égypte, où de nouveaux gouvernements ont été installés. Alors, le peuple de Syrie s’est mis à rêver que ça se produise chez lui aussi. » (p. 283)

Quoi que j’écrive dans cette chronique, j’ai l’impression que je ne ferai jamais assez justice à ce magnifique roman, qui mérite (Merit… Ok je sors) vraiment d’être lu et apprécié à sa juste valeur, car À Première Vue est, à mon avis, une véritable pépite. Jusqu’ici, mon roman préféré de Colleen Hoover avait été Jamais Plus, qui avait su me toucher et remuer en moi des émotions de façon bouleversante. À Première Vue n’en est vraiment pas loin.
Foncez découvrir ce chef d’oeuvre, une fois de plus signé de la main de maître de Colleen Hoover.

Ma note : 

Merci à Célia des éditions Hugo Roman pour m’avoir permis de lire ce livre. Tu avais raison sur toute la ligne ♡

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