
Cette brillante biographie revient sur les éléments marquants, parfois en apparence insignifiants, mais qui, mis bout à bout, construisent les multiples personnalités tourmentées de la jeune femme, brune, blonde, et brune à nouveau lorsqu’elle tente de retrouver un tant soit peu d’anonymat.
« [à la fin d’un entretien avec une agence de mannequins] « Un petit conseil, ajouta-t-elle au moment de prendre congé de la jeune fille tout à sa joie, à ses larmes de bonheur, à son sourire de gratitude éperdue, vous aurez un succès fou auprès des photographes si vous vous teignez les cheveux. En blonde. Je vous le garantis. Faites-vous décolorer, devenez blonde, et vous les aurez tous à vos pieds. Croyez-moi. »
Non merci, bafouille Norma Jeane. Elle n’y tient pas. Elle aurait l’air tellement artificiel. Ne se reconnaîtrait plus.
Blonde, ce ne serait plus elle. » [p. 86-87]
Marilyn sous les flashes des photographes, redevenue Norma Jeane dans la solitude de ses nombreux appartements temporaires dans lesquels elle vit dans un dénuement quasi-total, un téléphone en guise de peluche, lové dans le creux de ses bras, tant la peur de l’abandon revient la hanter chaque nuit. Un simple matelas au sol, car Marilyn a horreur des biens matériels. L’argent n’est pas sa motivation.
« […] elle a empoché un peu d’argent grâce aux photos de Conover et […] il lui brûle les doigts. Plus exactement, il la dérange, la culpabilise, l’encombre sûrement. Elle méprise et sa valeur et le pouvoir qu’il octroie. » [p. 80]
Mon avis : Cet ouvrage est le parfait exemple qu’une biographie peut-être aussi passionnante qu’un très bon roman. Certes, le sujet est en lui-même une source intarissable de spéculations, mais le foisonnement des détails et contradictions, souvent directement issus de Marilyn elle-même lors de ses interviews et déclarations privées, pourrait porter à confusion. Anne Plantagenet recrée le fil de la vie de l’icône pin-up avec fluidité et précision, sans aucune lourdeur dans l’écriture. Les chapitres sont plus passionnants les uns que les autres. On ne peut que ressortir encore plus émus de cette lecture.
Ma note :
