Landfall, d’Ellen Urbani

couv rivireEllen Urbani, Landfall, éd. Gallmeister, 3 mars 2016

(Titre original : Landfall)

Alors que l’ouragan Katrina frappe de plein fouet la ville de La Nouvelle-Orléans aux Etats-Unis, les destins de deux jeunes femmes vont entrer en collision pour bouleverser leurs existences.

En bref : Rose a grandi avec sa mère Gertrude et n’a jamais connu son père, qui aurait pris le large en refusant d’assumer sa paternité, peu après avoir épousé sa mère. Les deux femmes cohabitent mais ne se comprennent pas tout à fait. Alors que Rose est passionnée par ses romans classiques et aspire à de grandes études, Gertrude aime s’évader dans des romances et les shows télévisés.
Rosy est une jeune fille noire habitant avec sa mère Cilla un quartier défavorisé de La Nouvelle-Orléans. Depuis des années, elle est le pilier du foyer, son père étant mort avant sa naissance et sa mère souffrant de troubles maniaco-dépressifs.
Alors que l’ouragan Katrina menace la région, Rosy tente de convaincre Cilla de fuir, mais rien ne se passe comme prévu.
Quelques jours plus tard, Gertrude et Rose décident de leur côté de porter des provisions et autres vêtements aux sinistrés de La Nouvelle-Orléans. Sur la route, une dispute éclate entre la mère et sa fille. Tout va très vite et la voiture percute de plein fouet un passant sur la route.
Lorsque Rose se réveille, elle est la seule survivante de l’accident. Traumatisée, c’est une véritable quête initiatique qu’elle décide de mener, afin de découvrir la véritable identité de la jeune fille noire que sa mère et elle ont renversé ce jour là.
Au fur et à mesure de ses recherches, Rose apprendra aussi à mieux connaître sa propre famille et sa relation bien plus complexe qu’elle entretenait avec sa mère, cette femme dont elle ignorait bien des facettes.

Mon avis : Lorsqu’on m’a proposé de lire Landfall, je me suis renseignée sur son résumé, et le fait qu’il prenne pour cadre La Nouvelle-Orléans m’a tout de suite séduite. J’ai une passion profonde pour le Sud des Etats-Unis et tout particulièrement cette ville qui semble dotée d’une véritable âme, je ne saurais expliquer pourquoi. Et grand bien m’en a pris d’accepter, car j’ai véritablement adoré ma lecture de Landfall.
Un chapitre sur deux, le lecteur suit tour à tour le destin de Rose, la jeune fille blanche, puis celui de Rosy, la jeune femme noire. D’un premier abord, on croirait que rien ne pourrait relier ces deux personnes. Mais petit à petit, alors que l’ouragan Katrina approche et que l’accident de voiture fatal menace, on commence à percevoir une certaine similitude chez Rose et Rosy. Leurs existences en apparence uniques finissent par se superposer comme des calques, et il semblerait que ce ne soit que l’oeuvre du destin, d’une force supérieure, qui les aura fait se croiser. Mais pour quelle raison ? C’est ce que Rose va chercher à découvrir. Elle ne sait pas bien pourquoi elle a tant besoin de réponses. Ce n’était qu’une inconnue sur le bord d’une route. Elle a pourtant perdu sa mère Gertrude dans l’accident. Mais elle ne parviendra peut-être à faire son deuil qu’en levant le voile sur l’identité de cette jeune femme dont la vie fut fauchée par sa faute, et c’est aussi ce sentiment de culpabilité dont elle essaie de se défaire au travers de cette quête.

« « Au début d’une Quête, il est sage de demander à quelqu’un ce que vous cherchez avant de vous mettre à le chercher. »
Hier encore, si on lui avait demandé ce qu’elle cherchait, Rose aurait répondu qu’elle cherchait la famille de Rosy, rien de plus. Pourtant, jusqu’ici sa quête l’avait menée […] si elle se montrait honnête, à une version de sa propre mère qu’elle n’avait auparavant jamais pris le temps d’envisager. Plus elle se rapprochait de la famille de Rosy, plus elle se retrouvait confrontée à la sienne. » (p. 246)

Lanfall est aussi une incroyable reconstitution du désastre et de la tragédie que fut l’ouragan Katrina en 2005 lorsqu’il s’abattit sur La Nouvelle-Orléans. La force de cette catastrophe naturelle, les destructions tragiques sur cette ville historique, mais également les exactions, les crimes, et pire encore, les relents racistes encore trop enracinés, même au XXIe siècle, dans ce Sud des Etats-Unis qu’on ne voudrait pas croire encore aussi sectaire.

« Pendant ce temps, les abris avaient dégénéré en véritables tranchées de premières lignes. Depuis l’intérieur du Superdome, utilisant un téléphone portable, Raymond Cooper, un réfugié néo-orléanais, sidéra une audience internationale avec son récit : « Y a pas mal de gens ici qui courent partout avec des fusils. Y a des jeunes gars qui violent des filles. Y a deux vieilles dames décédées, elles viennent juste de mourir, et des gens traînent leurs cadavres dans des coins. » Le chef de la police néo-orléanaise Edie Compass confirma : « Des individus se font violer, des individus se font battre. Les touristes qui marchent dans cette direction se font attaquer. » » (p. 195)

A la fin de l’ouvrage, Ellen Urbani confie qu’elle s’est appuyée sur de réels témoignages pour ancrer son récit au coeur de la catastrophe. Ces descriptions sont le résultat d’un long travail de recherche et de documentation qui ne le rend que plus poignant.
Vous l’aurez compris, Landfall m’aura particulièrement touchée. Durant toute ma lecture, je suis passée par toute une palette de sentiments et d’émotions, de la joie à la colère en passant par la tristesse, la nostalgie et la peur. Avec Landfall, Ellen Urbani réussit au travers des destins de ces deux jeunes femmes, à nous pousser à faire notre propre introspection, sur notre relation avec notre mère, sa dévotion et ses propres sentiments qui ne sont pas toujours exprimés pour nous protéger, même si cela n’est pas toujours perçu de la sorte. J’ai réprimé quelques larmes lors de ma lecture, et vous savez que je ne suis d’ordinaire pas très émotive de la sorte. Landfall fut un vrai coup de coeur pour moi, et je vous incite fortement à découvrir cette pépite de roman contemporain !

Ma note :

FiveStars1

Merci aux éditions Gallmeister, à Léa Touch Book et à Fiona Pretty Books pour m’avoir permis de lire ce livre.

(4) Comments

  1. […] Editions Gallmeister Un roman que Fiona du blog PrettyBooks, et Myriam de la chaine et du blog Un Jour Un Livre ont toutes les deux adoré, et une publication dans une super maison d’édition : pourquoi […]

  2. Thank you for your thorough reading of my book, LANDFALL. I am so glad you felt that the storm came alive for you as much as the human characters did, as that was my intention. And I’m also glad that despite noting the sorrow contained in the story, you also saw the joy. We cannot have the one without the other.

    1. Thank you so much Ellen for stoping by! 🙂

  3. Merci pour ce bel avis 🙂
    Ce livre est magnifique en effet ^^

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